lundi 22 septembre 2008

Du cancre au papillon

Le lendemain de mon visionnement du film Le Banquet, j’ai mis la main sur un court article paru trois semaines auparavant, dans le Courrier International (no 929, 21 au 27 août 2008, p.7). «L’ascenseur social» faisait état d’une initiative mise sur pied en France et visant la mixité sociale et l’égalité des chances pour les jeunes prometteurs issus des modestes cités. Le programme «Une grande école, pourquoi pas moi ?» encourage ces derniers à la poursuite d'études supérieures en favorisant chez eux la construction de compétences et de comportements désirables en milieu scolaire. Ainsi, le projet permet notamment de développer la curiosité intellectuelle, l’aisance verbale, le sens de l’argumentation et la construction d’un projet personnel et professionnel et ce, grâce à des ateliers spécialisés animés par des sociologues, à des sorties culturelles et à des stages en entreprise. Au terme de l’expérience, 95% des participants qui passaient leur bac (niveau collégial) ont réussi. Comme quoi les bons outils donnent les ailes nécessaires à l'obtention du capital symbolique qui, bien qu'il ne garantisse pas l’ascension sociale, peut la faciliter.

jeudi 18 septembre 2008

Le cancre sans passé

Oeuvre chorale, le film Le Banquet du cinéaste Sébastien Rose suit le parcours de quelques personnages sur fond de grève universitaire. Si a priori le conflit que dépeint le film est de nature inter-générationnelle par l'illustration d'une opposition marquée entre la jeunesse étudiante et le corps professoral issu du baby-boom, le clivage qu’il expose réellement est plutôt d’ordre social.

Assez étonnement, le film permute la typologie propre aux exclus sociaux avec celle des individus généralement inclus socialement. En ce sens, le personnage du talentueux-et-intègre-leader-étudiant est issu d’un milieu ethnique modeste tandis que la fille-mère-décrocheuse-et-toxicomane provient d’une famille bourgeoise blanche.

En optant pour une telle caractérisation des personnages, Le Banquet tente de démontrer le succès du principe d’égalité des chances dans la société québécoise. En tant que simples caractéristiques individuelles, l’origine sociale, la situation économique, le sexe et la communauté ethno-culturelle d’appartenance seraient alors sans conséquences sur la réussite scolaire. Ainsi, les inégalités présentes ne seraient donc pas sociales mais bien, naturelles.

Or, cette thèse bénéficie d’une défense plutôt inégale tout au long du film. En effet, contrairement aux autres protagonistes, les personnages du leader-étudiant-bagarreur-et-arriviste et du cancre-arrogant-et-désaxé sont décontextualisés. C’est donc simplement sur parole qu’on nous invite à croire que leurs comportements scolaires condamnables (opportunisme pour l’un, harcèlement et violence pour l’autre) ne sont pas en lien avec leur environnement social. Pourtant, les incidences négatives sur la réussite scolaire de facteurs tels que l’immigration, la pauvreté, la défavorisation économique et les rapports hommes/femmes en mutation sont connues.

C’est donc avec une certaine démagogie qu’on veut nous faire admettre que l’accession aux études supérieures d’étudiants faibles ou peu méritants doit cesser puisqu’elle met en péril le niveau d’enseignement. Si la réussite scolaire ne dépendait que de la volonté individuelle, il serait aisé de se ranger du côté de cette opinion. Toutefois, elle découle de facteurs sociaux. Ainsi, contrairement à ce que cherche à affirmer l’équipe scénaristique, la solution au problème de la qualité de l’éducation ne se trouve pas dans l’élitisme passé mais plutôt dans l’irradiation des inégalités sociales. En somme, à l’égalité des chances doit maintenant succéder l’égalité des acquis.

mercredi 17 septembre 2008

Quelques mots...

Quelques mots pour vous souhaiter la bienvenue dans cet espace virtuel qui est le mien. J'y partagerai des réflexions et des découvertes en lien avec le monde de l'éducation.